Elle fit une

sieste au début de l’après-midi et rêva que ses visiteurs se rapprochaient maintenant… ils étaient juste au sud de York, dans une vieille camionnette. Six, dont un jeune sourd-muet. Mais c’était un garçon courageux, un de ceux à qui il fallait qu’elle parle.

Elle se réveilla vers trois heures et demie, un peu engourdie, mais bien reposée. Pendant les deux heures et demie qui suivirent, elle pluma les poulets, s’arrêtant quand son ouvrage faisait trop souffrir ses vieux doigts arthritiques. Elle chantait des cantiques en travaillant – Seven Gates to the City, Trust and Obey, et celui qu’elle préférait, In the Garden.

Quand elle eut terminé de plumer le dernier poulet, ses doigts lui faisaient atrocement mal et la lumière du jour avait commencé à prendre une teinte dorée qui annonçait l’arrivée du crépuscule. Fin juillet. Les jours commençaient à raccourcir.

Elle rentra pour manger encore un peu. Le pain était rassis, mais il n’avait pas moisi – aucune moisissure n’aurait osé pointer son nez vert dans la cuisine d’Addie Richardson – et elle trouva un pot entamé de beurre d’arachides. Elle se fit deux sandwichs au beurre d’arachides.

Elle en mangea un, puis glissa l’autre dans la poche de son tablier, au cas où elle aurait faim plus tard.

Il était maintenant sept heures moins vingt. Elle ressortit, ramassa son sac et descendit avec précaution l’escalier de la véranda. Elle avait pris soin de jeter les plumes dans un autre sac, mais quelques-unes s’étaient échappées et flottaient sur la haie des Richardson, toute sèche depuis qu’elle n’était pas arrosée.

– Je repars, Seigneur, dit Abigaël en poussant un profond soupir. Je rentre chez moi. Je n’irai pas vite et je n’arriverai sans doute pas avant minuit, mais le Livre dit : Ne crains ni la terreur de la nuit ni celle de l’heure de midi. J’accomplis Ta volonté de mon mieux. Prends-moi par la main, s’il Te plaît, pour l’amour de Jésus. Amen.

Quand elle arriva à l’endroit où la route goudronnée devenait une route de terre, il faisait complètement noir. Des grillons chantaient, des grenouilles coassaient dans un creux humide probablement la mare où s’abreuvaient les vaches de Cal Goodell. La lune allait bientôt apparaître, une grosse lune rouge qui allait garder cette couleur de sang tant qu’elle n’aurait pas monté davantage dans le ciel.

Elle s’assit pour se reposer et mangea la moitié de son sandwich (que n’aurait-elle pas donné pour un peu de gelée de cassis, afin d’ôter ce goût collant dans sa bouche, mais Addie gardait ses confitures à la cave et l’escalier était bien raide). Le sac était à côté d’elle.

Elle avait mal partout et ses forces semblaient l’avoir abandonnée, alors qu’il lui restait encore quatre bons kilomètres… mais elle se sentait remplie d’une étrange allégresse. Depuis combien de temps ne marchait-elle plus la nuit, sous la voûte des étoiles ? Elles brillaient toujours aussi fort et, avec un peu de chance, elle allait peut-être voir une étoile filante et faire un vœu. Une belle nuit douce, les étoiles, la lune d’été qui commençait à montrer son disque rouge à l’horizon, tout cela la faisait se souvenir de son enfance avec ses étranges inquiétudes, ses chaleurs, cette merveilleuse vulnérabilité quand elle était encore au bord du Mystère. Oh oui, elle se souvenait d’avoir été jeune fille. Certains ne voudraient pas le croire sans doute, comme ils ne pouvaient croire que le séquoia géant a jamais été une petite pousse verte. Mais elle avait pourtant été une jeune fille et en ce temps-là les terreurs nocturnes de l’enfance s’étaient un peu dissipées, remplacées par les terreurs de l’adulte qui venaient vous assaillir en pleine nuit quand tout était silence et vous entendiez alors la voix de votre âme éternelle. Dans le bref intervalle qui avait séparé l’enfance de l’âge adulte, la nuit avait été un puzzle d’odeurs enivrantes, l’époque où, quand vous regardiez le ciel semé d’étoiles, quand vous écoutiez la brise qui vous apportait ses odeurs enivrantes, vous vous sentiez tout près du cœur de l’univers, de l’amour, de la vie. Et vous pensiez rester jeune à tout jamais, vous pensiez…

Je tiens ton sang dans mes poings.

Un tiraillement sur son sac la fit tressaillir. Elle poussa un petit cri de sa voix cassée de vieille femme et tira vers elle le sac qui se déchira un peu au fond.

Elle entendit alors un grognement sourd. Tapie au bord de la route, entre l’accotement de gravier et le maïs, une grosse belette brune roulait des yeux où se reflétaient des éclairs rouges de lune. Une autre vint la rejoindre. Et une autre. Et une autre encore.

Elle regarda de l’autre côté de la route et vit qu’elle était bordée de belettes aux yeux interrogateurs. Elles avaient senti les poulets dans le sac. Combien pouvaient-elles être ? se demanda-t-elle. Elle s’était fait mordre une fois par une belette, un jour qu’elle s’était glissée sous la véranda de la grande maison pour chercher sa balle rouge, et quelque chose qui lui avait fait penser à une pleine bouche d’aiguilles avait agrippé son avant-bras. La surprise de l’attaque qui avait bouleversé si brutalement la monotonie des choses, comme un fer rouge plongé dans l’eau, l’avait fait hurler, autant que la douleur. Elle avait retiré son bras, mais la belette y était restée accrochée, son pelage lisse et brun taché de son sang, son corps fouettant l’air comme la queue d’un serpent. Et elle hurlait, secouait le bras, mais la belette refusait de lâcher, comme si elle était devenue une partie de son corps à elle.

Ses frères, Micah et Matthew, se trouvaient dans la cour ; son père était sous la véranda, en train de feuilleter un catalogue. Ils étaient arrivés en courant puis ils étaient restés figés sur place à la vue d’Abigaël, âgée de douze ans à l’époque, qui courait à toutes jambes dans la clairière, à l’endroit où la grange n’allait pas tarder à se dresser, la belette brune pendue à son bras comme une étole, griffant l’air de ses pattes de derrière comme si elle cherchait une prise. Le sang avait giclé sur sa robe, ses jambes, ses chaussures.

Son père avait réagi le premier. John Freemantle avait ramassé une bûche à côté du billot : Ne bouge pas, Abby !

avait-il hurlé. Sa voix, la voix du commandement et de l’obéissance depuis qu’elle était enfant, avait traversé son esprit envahi par la panique quand rien d’autre n’aurait sans doute pu le faire. Elle s’était arrêtée et la bûche s’était abattue en sifflant. Une douleur atroce dans son bras, jusqu’à l’épaule (elle avait cru que son bras était cassé), puis la chose brune qui avait été la cause d’une telle souffrance et d’une telle surprise – dans l’horrible chaleur de ces quelques instants, les deux sensations se mêlaient inextricablement – gisait par terre, le pelage taché de son sang. Micah avait bondi en l’air et était retombé sur la bête à pieds joints, un horrible craquement, comme le bruit que fait dans votre tête le sucre candi quand vous l’écrasez sous vos dents et si la bête n’était pas déjà morte, elle l’était sûrement maintenant. Abigaël ne s’était pas évanouie, mais elle avait éclaté en sanglots, s’était mise à pousser des hurlements hystériques.

Richard, le fils aîné, arrivait en courant, pâle, effrayé. Lui et son père avaient échangé un regard.

– Je n’ai jamais vu de toute ma vie une belette faire ça, avait dit John Freemantle en prenant sa fille dans ses bras. Heureusement que ta mère était là-bas, à cueillir les haricots.

– Peut-être qu’elle avait la r…, avait commencé Richard.

– Tais-toi ! avait

aussitôt répondu son père.

Et sa voix glacée était celle de la colère et de la peur. Et Richard s’était tu – avait fermé la bouche si vite et si dur qu’Abby avait entendu ses dents claquer. Puis son père lui avait dit : – On va aller à la pompe, Abigaël, ma petite, on va laver toute cette saleté.

Un an plus tard, Luke lui avait expliqué ce que son père n’avait pas voulu que Richard dise : que la belette avait presque certainement la rage pour faire ça et que, si elle l’avait, Abigaël allait mourir de l’une des morts les plus atroces, à part les plus cruelles tortures, que l’homme connaisse. Mais la belette n’avait pas la rage. La blessure avait guéri. Depuis ce jour cependant, elle avait la terreur de ces bêtes, comme certaines personnes sont terrorisées par les rats ou les araignées.

Si seulement le fléau avait pu les exterminer, au lieu de tuer les chiens !

Mais les belettes n’étaient pas mortes, et elle…

Je tiens ton sang dans mes poings.

Une belette fonça vers elle et mordit le gros ourlet du sac de jute.

– Aïe ! hurla la

vieille femme.

La belette s’enfuit en montrant les dents comme si elle souriait, un long fil entre les griffes.

C’était lui qui les envoyait – l’homme noir.

Elle sentit la terreur s’emparer d’elle. Elles étaient des centaines maintenant, grises, brunes, noires, toutes flairant les poulets. Elles étaient alignées des deux côtés de la route, se bousculant les unes les autres pour mieux sentir ce qu’elles sentaient.

Il va falloir que je leur donne les poulets. Tout ce travail pour rien. Si je ne leur donne pas les poulets, elles vont me mettre en pièces. Tout ce travail pour rien.

Dans les ténèbres qui

obscurcissaient son esprit, elle voyait l’homme noir sourire, elle voyait ses poings serrés, dégoulinants de sang.

Un autre coup de dents. Un autre encore.

De l’autre côté de la route, les belettes se précipitaient maintenant vers elle en rangs serrés à ras de terre, le ventre dans la poussière. Leurs petits yeux cruels scintillaient comme des poignards au clair de lune.

Mais celui qui croit en Moi ne périra point… car Je l’ai oint de ma main et rien ne saurait le toucher… il est Mien, dit le Seigneur…

Elle se redressa, terrifiée, mais sûre maintenant de ce qu’elle devait faire.

– Allez-vous-en ! hurla-t-elle.

Oui, ce sont des poulets, mais je les garde pour mes invités ! Allez-vous-en !

Les bêtes reculèrent. Leurs petits yeux semblèrent se remplir d’inquiétude. Et, tout à coup, elles disparurent, comme un panache de fumée dans le ciel. Un miracle, pensa-t-elle, et elle se sentit remplie de joie d’amour pour le Seigneur. Puis, tout à coup, elle eut très froid.

Quelque part, loin à l’ouest, derrière les montagnes Rocheuses que l’on ne voyait même pas à l’horizon, elle sentit qu’un œil – un œil brillant – s’ouvrait tout à coup et regardait dans sa direction, la cherchait. Aussi clairement que si les mots avaient été prononcés à haute voix, elle l’entendit dire : Qui est la ? Est-ce toi, vieille femme ?

– Il sait que je suis là, murmura-t-elle dans la nuit. Oh, mon Dieu, aide-moi. Aide-moi maintenant, aide-nous tous.

Traînant son sac derrière elle, elle se remit en route.

Ils arrivèrent

deux jours plus tard, le 24 juillet. Elle n’avait pu préparer tout ce qu’elle voulait ; ses vieilles jambes n’en pouvaient plus ; elle boitillait péniblement, incapable de marcher sans sa canne, et c’est à peine si elle pouvait pomper de l’eau au puits. Le lendemain du jour où elle avait tué les poulets et chassé les belettes, elle avait dormi presque tout l’après-midi, épuisée.

Elle avait rêvé qu’elle franchissait un col, très haut dans les montagnes Rocheuses, à l’ouest de la ligne de partage des eaux. La route 6 serpentait entre de hautes murailles rocheuses, plongée dans l’ombre toute la journée, sauf une demi-heure vers midi. Dans son rêve, il faisait nuit, une nuit sans lune. Quelque part, des loups hurlaient. Et, tout à coup, un œil s’était ouvert dans le noir, un œil qui roulait horriblement de part et d’autre tandis que le vent sifflait lugubrement dans les pins bleus. C’était lui, et il la cherchait.

Après cette longue sieste agitée, elle s’était réveillée un peu reposée. Une fois encore, elle avait prié Dieu de la laisser en paix, ou du moins de la laisser prendre un autre chemin que celui qu’Il voulait qu’elle suive.

Au nord, au sud ou à l’est, Seigneur, et je quitterai Hemingford Home en chantant Tes louanges. Mais pas à l’ouest, pas vers l’homme noir. Les Rocheuses ne suffisent pas entre lui et nous. Les Andes ne suffiraient pas.

Mais tout cela n’avait plus d’importance.

Tôt ou tard, quand l’homme jugerait qu’il était assez fort, il se mettrait à la recherche de ceux qui s’opposaient à lui. Sinon cette année, alors la suivante.

Les chiens avaient disparu, emportés par le fléau, mais les loups continuaient à hanter les montagnes, prêts à se mettre au service de la créature de Satan.

Et les loups ne seraient pas seuls à se mettre à son service.

Le jour où la

visite arriva enfin, elle avait commencé sa journée à sept heures du matin. Elle alla chercher du bois, deux bûches à la fois, jusqu’à ce que le poêle soit bien chaud et le coffre à bois plein. Dieu lui avait fait la grâce d’une journée fraîche, nuageuse, la première depuis des semaines. Peut-être pleuvrait-il à la tombée de la nuit. En tout cas, c’est ce que lui disait le fémur qu’elle s’était cassé en 1958.

Elle fit cuire ses tartes, garnies de la rhubarbe et des fraises qu’elle était allée cueillir au jardin. Les fraises venaient de mûrir loué soit Dieu, il était bon de savoir qu’elles n’allaient pas se perdre. Elle se sentit mieux à faire ainsi la cuisine, car la cuisine, c’était la vie. Deux tartes aux fraises et à la rhubarbe. Une autre aux myrtilles, une autre aux pommes. Il lui restait encore des myrtilles et des pommes en boîtes sur les étagères de sa cuisine. Et l’odeur de la pâtisserie remplit l’air du matin. Elle mit les tartes à refroidir sur l’appui de la fenêtre, comme elle l’avait fait toute sa vie.

Puis elle prépara de son mieux la pâte à frire, mais ce n’était pas facile sans œufs frais – elle aurait dû y penser quand elle était au poulailler qu’elle était donc sotte. Œufs ou pas, au début de l’après-midi, la petite cuisine au plancher inégal et au linoléum usé sentait bon le poulet frit. Il commençait à faire chaud à l’intérieur. Elle sortit donc en boitillant sur la véranda pour faire sa lecture quotidienne en s’éventant avec une vieille revue aux pages cornées.

Le poulet était cuit à la perfection, croustillant, tendre et juteux. Et l’un des visiteurs qui viendraient tout à l’heure n’aurait qu’à aller cueillir deux douzaines d’épis de maïs. Puis ils mangeraient tous dehors.

Elle enveloppa les morceaux de poulet dans des serviettes de papier, revint s’installer sur la véranda avec sa guitare, s’assit et se mit à jouer. Elle chanta tous ses cantiques favoris de sa voix haute et chevrotante qui flottait dans l’air immobile.

Quand l’épreuve et la tentation nous assaillent

Quand le chagrin nous accable Ne perdons point courage Car Dieu nous tend Sa main.

le fléau
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